Krasnoïarsk et les montagnes russes

Samedi 8 juin 2019 – Nous sommes arrivés hier soir à Krasnoïarsk, sur les rive du fleuve Ienisseï (5539 km), 5e plus long fleuve au monde après le Nil, l’Amazone, le Yangzi Jiang et le Mississippi). Un fleuve aux eaux tumultueuses que Michel Strogoff eut toutes les peines du monde à traverser dans le roman de Jules Verne. Pour franchir le fleuve, point de tumulte aujourd’hui, mais un magnifique pont métallique construit entre 1893 et 1896 sur la ligne transsibérienne. Nous le franchirons demain à bord du mythique train.

Nous découvrons cette ville ancienne, fondée en 1628 par les Cosaques. Développée surtout autour de complexes industriels dans les années 30, à l’époque des plans quinquennaux, Krasnoïarsk compte aujourd’hui plus d’un million d’habitants. Depuis la chapelle de Paraskeva, célèbre dans toute la Russie pour figurer sur le billet de 10 roubles, la vue est magnifique. Nous découvrons aussi de très beaux panoramas dans l’après-midi au parc national des Stolby situé à une dizaine de kilomètres de la ville. Le site, classé par l’UNESCO, s’étend sur plus de 47000 hectares et abrite une curiosité géologique rare. On peut y observer l’incroyable travail de l’érosion sur la roche, le vent et la pluie ayant sculpté ici des figures gigantesques qui portent chacune un nom. Le relief est somptueux. Étonnant même pour nous qui avons parcouru plus de 8000 km sans voir la moindre montagne.

Kemerovo pleure ses enfants

Vendredi 7 juin 2019 – Nous quittons Kemerovo ce matin sous la pluie. Cette ville de 554 000 habitants est le centre administratif du Kouzbass, une des grandes régions minières et industrielles développées par les soviétiques dans le cadre des fameux plans quinquennaux (comme le Donbass, en Ukraine). Le Kouzbass, dont le nom est une abréviation de « bassin de Kouznetsk », s’est développé autour de mines de charbon, découvertes en 1721 et exploitées réellement à partir de 1851. Le charbon est extrait ici en grande partie dans des mines à ciel ouvert. Le Kouzbass assure à lui seul 30% de la production russe. Les réserves sont énormes, estimées à plus de 400 ans.

Kemerovo a été le théâtre d’un drame qui a ému toute la Russie il y a un peu plus d’un an. Le 28 mars 2018, un incendie détruisait le centre commercial « Cerise d’Hiver », tuant au moins 64 personnes dont de nombreux enfants venus assister, dans le cadre d’une sortie scolaire, à un dessin animé diffusé pour l’occasion dans au moins 3 salles de cinéma situées au dernier étage du complexe commercial. L’ampleur de la catastrophe aurait eu pour cause plusieurs négligences. Et notamment celle des professeurs et accompagnateurs qui, ne souhaitant pas assister à la séance et ne souhaitant pas voir les enfants se disperser dans le centre commercial, auraient demandé aux employés du cinéma de fermer les portes des salles de cinéma à clé. Des issues de secours étaient aussi condamnées alors que les alarmes incendie étaient en panne depuis plusieurs jours. Tous ces facteurs ont provoqué le chaos et la confusion pendant l’incendie qui n’a pu être maîtrisé que le lendemain matin. La catastrophe a provoqué une grande émotion dans toute la Russie. 41 enfants ont péri dans l’incendie.

Nous quittons donc le Kouzbass, pour une étape de 550 km à travers la taïga sibérienne, jusqu’à Krasnoïarsk, sur le fleuve Ienisseï, frontière naturelle entre Sibérie occidentale et Sibérie orientale.

Novossibirsk, la Transsibérienne

Jeudi 6 juin 2019 – Nous visitons aujourd’hui Novossibirsk, la 3e ville de Russie (1,6 million d’habitants) après Moscou et Saint-Pétersbourg, capitale administrative de la Sibérie. Novossibirsk est la fille du Transsibérien. C’est l’ouverture de la célèbre ligne ferroviaire qui a permis son développement à partir de 1893 (à sa fondation par les ouvriers qui construisaient la voie ferrée, la ville s’appelait Novonikolaievsk, d’après le tsar Nicolas II. Elle fut renommée par les Soviétiques en 1925). La célèbre ligne ferroviaire et un pont sur l’Ob sont encore représentés schématiquement sur les armoiries de la ville. Et pas moins de 5 monuments sont consacrés aux trains à Novossibirsk.

Novossibirsk s’étend sur les deux rives du fleuve Ob, qui a ici une largeur de 1,8 km et que l’on peut franchir par 4 ponts, dont le pont Bugrinski, le dernier né, inauguré en 2014 par Vladimir Poutine en personne. Autre pont, celui du métro qui est un des plus longs ponts couverts au monde. En raison de l’amplitude thermique (jusqu’à -30° en hiver, +30° l’été), le pont est plus long l’été et perd 50 cm l’hiver !

Novossibirsk sous le soleil est plutôt agréable. De fondation récente, elle ne possède pas de patrimoine historique ancien. Nous découvrons la gare, une des plus grandes du pays, construite en 1896 au kilomètre 3336 (de Moscou il s’entend !) sur la voie ferrée transsibérienne qui en compte 9288 (de Moscou à Vladivostok).  Sur la perspective Rouge (la grande avenue de la ville), devant le grand théâtre, Lénine trône toujours avec son grand manteau flottant au vent (il est ici surnommé Batman par la population!).

Nous reprenons la route dans l’après-midi, direction Kemerovo et le bassin minier du Kouzbass.