Archives mensuelles : juin 2017

11/06/2017 : La Russie comme sur des roulettes

Krasnoïarsk-Irkoutsk, c’est le parcours que nous effectuons aujourd’hui à bord du Transsibérien numéro 8, 1087 km à travers la Sibérie Orientale, du Ienisseï à l’Angara. Transsibérien ? L’appellation porte souvent à confusion. On devrait plutôt utiliser le terme « lignes transsibériennes ». Contrairement à une idée reçue, il n’existe pas un seul train que l’on peut qualifier sous ce vocable. En effet, par Transsibérien, on entend tous les trains reliant Moscou aux villes situées à l’Est de l’Oural. Dans les lignes transsibériennes, on peut aussi inclure celles desservant la Mongolie et même la Chine. Ou celles reliant les villes sibériennes entre elles.

Notre itinéraire par la route, de la frontière finlandaise au Pacifique, nous permet de mesurer le travail titanesque réalisé par des dizaines de milliers d’hommes, entre 1891 et 1916, qui plus est, dans des conditions climatiques épouvantables. Au final, ce projet pharaonique a permis la construction de la plus longue ligne de chemins de fer au monde, plus de 9200 km pour relier Moscou à Vladivostok (aujourd’hui réalisable en 143 heures soit une moyenne de 65 km/h contre 25 km/h en 1910), desservant au total 990 gares.

Construite pour implanter définitivement le pouvoir russe à travers le continent et développer les territoires immenses de la Sibérie, la ligne constitue encore aujourd’hui la colonne vertébrale de la Russie. Elle assure bien sur encore le transport des voyageurs (même si elle est concurrencée logiquement par l’aérien). Elle est surtout cependant destinée au fret. Elle passe par les régions réalisant 65% de l’extraction du charbon, 20% du raffinage de pétrole et 25% de la production de bois.

Le Transsibérien joue un rôle crucial pour le développement économique et social du pays. Il y a peu, le gouvernement russe a d’ailleurs annoncé  le déblocage de 50 milliards de roubles (720 millions d’euros) pour la modernisation des légendaires lignes transsibériennes.

10/06/2017 : On a trouvé des montagnes russes !

Sous un franc soleil, nous découvrons aujourd’hui Krasnoiarsk, une ville de plus d’un million d’habitants qui s’est développée sur les rives du fleuve Ienisseï (5539 km, 5e plus long fleuve au monde après le Nil, l’Amazone, le Yangzi Jiang et le Mississippi). Un fleuve aux eaux tumultueuses que Michel Strogoff eut toutes les peines du monde à traverser dans le roman de Jules Verne. Pour franchir le fleuve, point de tumulte aujourd’hui, mais un magnifique pont métallique construit entre 1893 et 1896 sur la ligne transsibérienne. Nous le franchirons demain à bord du mythique train.
Dans l’apres midi, nous découvrons une curiosité géologique rare, tellement rare qu’elle est même classée par l’UNESCO, les Stolby, à une dizaine de kilomètres au Sud de la ville. Le parc naturel des Stolby s’étend sur plus de 47000 hectares. On peut y observer l’incroyable travail de l’érosion sur la roche, le vent et la pluie ayant sculpté ici des figures gigantesques qui portent chacune un nom. Le paysage est somptueux. Étonnant même pour nous qui avons parcouru plus de 8000 km sans voir la moindre montagne.

 

09/06/2017 : Les gueules noires de Sibérie 

Nous quittons ce matin Kemerovo, ville méconnue de 554.000 habitants qui est le centre administratif du Kouzbass, une des grandes régions minières et industrielles développées par les Soviétiques dans le cadre des fameux plans quinquennaux (comme le Donbass, en Ukraine). Le Kouzbass, dont le nom est une abréviation de « bassin du Kouznetsk », s’est développé autour de mines de charbon, découvertes en 1721 et exploitées réellement à partir de 1851. Le charbon est extrait ici en grande partie dans des mines à ciel ouvert. Le Kouzbass assure à lui seul 30% de la production russe. Les réserves sont énormes, estimées à plus de 400 ans. On n’a pas fini de voir des gueules noires en Sibérie!
Nous quittons donc le Kouzbass, pour une étape de 550 km à travers la taïga sibérienne, jusqu’à
Krasnoïarsk, sur le fleuve Ienisseï, frontière naturelle entre Sibérie occidentale et Sibérie orientale. Nous arrivons déjà en Sibérie orientale !