Archives mensuelles : juin 2017

20/06/2017 : A Oulan-Oude, on a pris la grosse tête

Nous retrouvons ce matin nos vieux amis douaniers à la frontière russe. L’ambiance n’y est pas plus détendue qu’à notre premier passage et les formalités presque aussi longues. Après trois heures de contrôles, nous quittons définitivement la Mongolie pour parcourir les steppes de Bouriatie, une des 22 républiques de la Fédération de Russie correspondant au territoire des minorités ethniques. Les Bouriates sont une ethnie mongole. Ils partagent beaucoup de points communs avec leurs voisins de Mongolie, notamment l’élevage nomade et la yourte. Leur nombre est estimé à 300.000 dans la république.

Autre minorité en Bouriatie, les Vieux Croyants, des orthodoxes qui se sont séparés de l’Eglise russe par leur refus des réformes introduites au XVIIe siècle pour uniformiser le rite et les textes des Églises de Russie et de Grèce. Persécutés jusqu’en 1905, beaucoup d’entre eux ont choisi l’exil en Sibérie, notamment dans la région du lac Baïkal, où nous rencontrons leurs descendants aujourd’hui. Leur nombre est estimé aujourd’hui à un million dans toute la Russie.

Notre étape du jour est Oulan-Oude, la capitale régionale, une ville de près de 430.000 habitants dont la principale attraction est la monumentale sculpture de la tête de Lénine, la plus grande au monde dit-on. Elle mesure 13,5 mètres de haut et pèse 12 tonnes. Ce monument a l’honneur de figurer dans le Livre Guinness des Records. La légende affirme qu’on prévoyait initialement d’installer une sculpture complète, mais que lors du transport en hélicoptère, la corde se serait rompue. Seule la tête aurait été conservée. Pas de quoi prendre la grosse tête pour autant !

19/06/2017 : Le nomade land est le nouvel eldorado

Dernière journée en Mongolie à la découverte des somptueux paysages de steppes, entre Oulan Bator et Darkhan, aux confins de la Sibérie que nous retrouverons demain. Les paysages sont magnifiques et le mode de vie des éleveurs nomades semble immuable, rythmé par les saisons, dans le respect des traditions. Immuable ? Plus tout à fait. La Mongolie est en train de changer, même si la modernisation est visible surtout, pour le moment, à Oulan Bator, la capitale qui abrite près du tiers des 3 millions d’habitants que compte le pays.

Il règne en Mongolie une atmosphère de ruée vers l’or et d’euphorie économique. Grâce à ses vastes ressources naturelles (charbon, or, cuivre et autres minerais et métaux rares), le pays de Gengis Khan connait une croissance économique sans précédent (17,3% de croissance en 2011, record mondial!!!). Les richesses naturelles de la Mongolie étaient connues depuis longtemps, grâce notamment au travail des géologues soviétiques. Mais les coûts d’extraction étaient bien trop élevés. Les choses ont bien changé et les multinationales investissent en masse en Mongolie pour récupérer « leur » part du trésor mongol. Le projet minier le plus important est celui d’Oyu Tolgoi, au Sud du désert de Gobi, qui devrait se placer parmi les trois plus grandes mines de cuivre et d’or au moment de son ouverture l’année prochaine. Le groupe nucléaire français Areva a signé aussi un accord de partenariat avec le gouvernement mongol pour l’exploitation de deux gisements d’uranium dans le Sud-Est du pays.

La Mongolie est en pleine mutation. Elle est, aujourd’hui, le nouvel eldorado !

18/06/2017 : Gengis Khan veille à nouveau sur la Mongolie

Au XIIIe siècle, les tribus mongoles de Gengis Khan ont constitué l’empire le plus vaste que le monde n’ait jamais connu. Venus des forêts de Sibérie, les ancêtres des Mongols se sont  installés sur les hauts plateaux de la Mongolie actuelle. A cette époque, divisés en tribus, les Mongols sont un peuple de chasseurs, de pêcheurs et d’éleveurs. C’est Temüdjin, le futur Gengis Khan (« souverain universel » en mongol), né vers 1155, qui a fédéré ces tribus nomades. C’est aussi lui, à la tête d’une redoutable armée de cavaliers et d’archers qui a constitué l’empire mongol qui, à la fin du XIIIe siècle, s’étend de la Méditerranée au Pacifique, et de la Sibérie à l’Inde et à l’Indochine.

Cet héritage est omniprésent en Mongolie aujourd’hui. Cela n’a pas toujours été le cas. A l’époque communiste, le kagan (grand chef), mort en 1227 (ironie du sort, à la suite d’une chute de cheval !), ne possédait pas la moindre rue à son nom, pas la moindre statue de bronze, et méritait à peine trois lignes dans les manuels scolaires, qui plus est pour dénoncer son « impérialisme ».

Le régime s’est effondré et Gengis Khan a repris son rang. A 54 km d’Oulan Bator, la statue équestre de Gengis Khan (que nous avons découverte hier) a été construite en 2008, à l’occasion du huit-centenaire de la création de l’empire mongol, et en l’honneur de son fondateur. 250 tonnes d’acier inoxydable, 40 mètre de haut ! Il fallait bien cela pour effacer les années d’oubli. La place Sukhbaatar, le cœur d’Oulan Bator, porte désormais aussi son nom. C’est là, au pied des marches du parlement et de la monumentale statue de Gengis Khan, que nous assistons à la relève de la garde : des uniformes aux couleurs vives qui rappellent la grandeur des armées mongoles qui ont conquis le monde. Gengis Khan veille à nouveau sur la Mongolie.