Archives mensuelles : juin 2017

26/06/2017 : L’Europe en Extrême-Orient

A seulement 30 km de la Mandchourie, dont on aperçoit les collines depuis l’esplanade des Komsomolsk, de l’autre côté de l’Amour, Khabarovsk est une ville typiquement russe, à l’ambiance toute européenne. Tout ici rappelle l’Europe : les avenues bordées d’arbres, les immeubles pré-soviétiques, les tramways, les cafés pittoresques, les berges animées. A la belle saison, un air de Méditerranée s’empare même de la ville. Les baigneurs se prélassent, par beau temps, sur les plages le long du fleuve. Les terrasses de l’élégante avenue Mouraviova-Amourskovo, bordée de jolis immeubles de brique du XIXe siècle, se remplissent de jeunes ravis de pouvoir profiter enfin de la douceur des températures de l’été. Quelques palmiers en plus et on se croirait à Sotchi, la Riviera russe.

Les touristes chinois, japonais et coréens que nous croisons en ville nous rappellent que nous sommes bien en Extrême-Orient. Tout comme les voitures de marques asiatiques achetées au Japon (beaucoup avec le volant à droite) ou en Corée. Khabarovsk, deuxième ville russe en Extrême-Orient (après Vladivostok) est une cité tournée économiquement vers l’Asie mais à la douceur de vivre typiquement européenne. Étonnant en Extrême-Orient !

25/06/2017 : Mais où est passée la terre promise ?

Vous connaissez le Birobidjan ? L’Histoire de ce petit territoire que nous traversons aujourd’hui, sur notre itinéraire de Blagovechtchensk à Khabarovsk, est pour le moins étonnante.

La région du Birobidjan (36200 km2) a été fondée en 1934 à l’initiative de Staline pour donner à la communauté juive d’URSS un territoire, conformément à la constitution du 31 janvier 1924 qui garantissait un territoire à chaque nationalité soviétique. Bien que très éloignée, des milliers de personnes décident cependant de partir s’y installer, à la fois en pensant mettre fin à un exode de plusieurs siècles, mais aussi afin de s’éloigner le plus possible d’une Europe devenue folle sous le joug d’Hitler. Très vite, les premiers immigrants sont rejoints par de nombreux autres, venus de France, des Etats-Unis, ou encore d’Amérique du Sud. Cependant, même si la population juive atteint, dans sa meilleure période, environ 30.000 personnes, on restait très loin du demi-million qu’espérait Staline.

Même si le Birobidjan a connu un seconde vague d’immigration juive à la fin de la Guerre, la création de l’Etat d’Israël a mis fin au rêve soviétique de peupler la région. Le Birobidjan a perdu lentement sa population juive, un phénomène de départs amplifié après la chute de l’URSS en 1991. Aujourd’hui, les traces du judaïsme sont bien maigres. Il ne resterait à peine que 2000 Juifs dans la région, une synagogue et quelques inscriptions en yiddish

24/06/2017 : Entre Russie et Chine, c’est le grand amour

 

300 mètres, c’est la largeur du fleuve Amour (long de 4354 km) qui sépare la ville de Blagovechtchensk, la capitale de la région de l’Amour où nous faisons étape ce soir, de sa voisine chinoise Heihe qui lui fait face. A l’époque de la révolution culturelle, Blagovechtchensk fut soumise en permanence à la propagande maoïste déversée par haut-parleurs depuis la rive chinoise. Les choses ont bien changé aujourd’hui. Et, à 8000 km de Moscou, la raison l’a emporté. Blagovechtchensk et Heihe forment un zone de libre échange qui permet aux citoyens russes de franchir le fleuve sans visa et, à l’inverse, aux Chinois de venir faire du commerce à Blagovechtchensk sans contrainte douanière. Les relations sont tellement bonnes actuellement qu’après 28 années de discussions, Russes et Chinois ont enfin réussi à se mette d’accord sur la construction d’un pont sur l’Amour (pont avec une travée principale de 1283 m) dont les travaux ont commencé en 2016. Livraison prévue en octobre 2019, ce qui permettra de doubler le flux de passagers entre les deux villes. Entre Blagovechtchensk et Heihe, c’est une belle histoire, basée sur l’Amour!